Dr Clément Denux - Pôle Orthopédique Toulon Liberté - 141 Place de la Liberté, 83000 Toulon

Quels sont les objectifs et les indications de la Libération du canal lombaire étroit ?

Le but de l’intervention est d’enlever la hernie discale pour libérer (« décoincer ») la racine nerveuse (voire la moelle épinière) et faire disparaître la NCB (douleur dans le membre supérieur). Ce but est obtenu dans environ 90 % des cas. En revanche, il peut persister des cervicalgies.

Il n’est jamais possible d’assurer que les troubles neurologiques (moteurs ou sensitifs) disparaîtront totalement.

La racine nerveuse peut être abîmée par une compression trop importante ou trop prolongée. Cette réserve sera beaucoup plus importante pour les troubles de la moelle épinière (structure particulièrement fragile et vulnérable).

EN QUOI CONSISTE LA CHIRURGIE ?

Cette intervention se déroule sous anesthésie générale. La voie d’abord est classiquement antérolatérale, ce qui permet d’accéder à l’avant du disque. Après ablation complète du disque, il est possible d’enlever (généralement sous microchirurgie) la hernie discale. Cette intervention est le plus souvent complétée d’une arthrodèse (fusion des deux vertèbres) pour traiter l’instabilité due à l’ablation du disque. Certains centres pourront proposer la mise en place d’une prothèse cervicale.

La voie postérieure est très peu utilisée (incision dans la nuque) en raison de son risque neurologique dû à la présence de la moelle épinière qui rend très difficile l’accès à la hernie. Ce type d’intervention ne nécessite pas habituellement de transfusion sanguine. Comme toute intervention chirurgicale, elle laisse toujours des traces cicatricielles superficielles et profondes.

QUELS SONT LES RESULTATS ?

La chirurgie donne de bons résultats avec 50 % des patients qui se trouvent améliorés et 30 % qui voient leurs symptômes stabilisés, selon l’âge, l’évolution de la cervicarthrose et l’importance de la symptomatologie. Il peut survenir une réapparition des symptômes des années après l’intervention par la poursuite de l’évolution des lésions dégénératives.

QUELLES SONT LES SUITES DE L’OPERATION ?

L’amélioration des douleurs survient rapidement après l’opération (quelques semaines). La récupération des troubles neurologiques peut être plus lente (plusieurs mois) et nécessite de la kinésithérapie pour rééduquer la marche et/ou les membres supérieurs.

QUELS SONT LES RISQUES ENCOURUS ?

Les risques inhérents à toute intervention chirurgicale :

•Les risques propres à l’anesthésie générale vous seront expliqués par le médecin anesthésiste.

•L’infection du site opératoire est rare (0,1 % à 1 % en dépit des précautions prises). Il s’agit le plus souvent d’une infection superficielle qui peut être réglée par des soins locaux adaptés. Une nouvelle intervention pour nettoyage local est parfois nécessaire. Les infections profondes sont très rares : elles sont graves, nécessitent une intervention de nettoyage, une antibiothérapie prolongée et parfois l’ablation du matériel mis en place pour l’arthrodèse. Ces infections profondes peuvent donner des séquelles fonctionnelles et douloureuses parfois définitives.

•Le risque de phlébite (veine obstruée par un caillot sanguin) est très faible. Un traitement anticoagulant n’est nécessaire qu’en cas de prédisposition, ou lorsque l’alitement se poursuit au-delà de 24 heures (ce qui n’est généralement pas le cas dans une intervention sur hernie discale cervicale). Une embolie pulmonaire peut, à l’extrême, se produire. Il s’agit d’une complication grave, parfois mortelle.

Les risques propres à cette intervention :

1.L’erreur de niveau : Opérer un autre disque est très rare grâce au contrôle radiologique pré et per-opératoire. Il est impératif d’apporter l’ensemble de votre imagerie (radio, scanner, IRM) pour que votre chirurgien dispose de tous les éléments utiles.

2.Les risques neurologiques : Quelle que soit l’opération réalisée sur la colonne vertébrale, même la plus simple, le risque de paralysie n’est pas nul. Ces complications sont rares et leur récupération est variable. Il peut s’agir d’une simple paralysie des orteils, mais parfois plus grave avec une atteinte au niveau du pied ou du genou. Très rarement (<1/1000), il peut survenir un syndrome de la queue de cheval (paralysie des sphincters) et exceptionnellement une paralysie complète des membres inférieurs (paraplégie). La cause la plus fréquente est l’hématome au niveau du site de l’opération, nécessitant une intervention en urgence. Une fuite du liquide céphalo-rachidien est également possible, surtout lors des réopérations, pouvant entraîner des maux de tête transitoires ou une méningite.

3.Les risques infectieux :

Superficielle : Au niveau de la peau. Elle se traite avec des soins locaux.

Plus profonde : Au niveau de la graisse ou des muscles. Un nettoyage local est parfois nécessaire, associé à des antibiotiques. Les séquelles sont exceptionnelles.

Au niveau de l’os et du disque : L’infection réalise une spondylodiscite. Rare (2/1000), elle peut laisser des séquelles à type de lombalgies. Le traitement consiste à donner des antibiotiques pendant 6 semaines à 3 mois.

Au niveau des méninges : Très rare mais peut être grave, elle provoque une méningite.

Généralisation : L’infection peut se généraliser et donner une septicémie très grave voire mortelle. C’est très rare chez les patients en bonne santé.

4.D’autres risques exceptionnels :

Lésions accidentelles des gros vaisseaux du cou (artère carotide et veine jugulaire situés en avant du rachis, artères vertébrales situées dans la colonne cervicale à côté des trous de conjugaison). Elles peuvent entraîner une hémorragie grave, des troubles neurologiques graves souvent définitifs et, à l’extrême, le décès.

Lésions des organes du cou (trachée, œsophage) source de séquelles également graves et à l’extrême mortelles.

Risque d’hémorragie importante pendant l’intervention, nécessitant éventuellement une transfusion sanguine.

Autres complications : Paralysies au niveau des bras, compression du globe oculaire pouvant provoquer une cécité définitive.

D’autres risques exceptionnels ont été décrits. N’hésitez pas à poser toutes vos questions à vos médecins afin de compléter ces informations pour que vous puissiez prendre la meilleure décision.

Source : Société Française de Chirurgie Rachidienne – www.sfcr.fr